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  • Jean de Vallombrosa

    Jean de Vallombrosa

    Jean de Vallombrosa est une des deux victimes de la guerre 39-45 sur le monument au mort d’Ansouis.

    Les débuts de la Seconde Guerre mondiale

    Le 3 septembre 1939, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne suite à l’invasion de la Pologne. La France envahit la Sarre, puis on entre dans la drôle de guerre, une période d’attente de tous les belligérants. Le 10 mai 1940, la Wehrmacht attaque et elle va balayer les armées qui qui lui sont opposées en moins d’un mois et demi. Le 17 juin, le nouveau Président du Conseil français, Philippe Pétain, demande l’armistice. Le 18, De Gaulle répond par l’appel depuis Londres, et le 22, dans la clairière de Rethondes, l’armistice est signée.

    Jean de Vallombrosa avant la guerre

    Jean-Richard Albert Marie Manca Amat de Vallombrosa nait le 11 décembre 1907 à Paris. Il était le fils ainé d’Amédée Manca Amat de Vallombrosa et de Adrienne Lannes de Montebello, et le frère de Roselyne de Vallombrosa, Duchesse de Sabran-Pontevès. « C’est à ce titre qu’il repose sur la terre de notre village et qu’il a son nom sur le monument aux morts. Il est des nôtres » [1].

    C’était un bon vivant, célibataire, il était responsable de la sous-direction des Titres dans une banque. Il habitait au 109 rue de Grenelle. Cavalier émérite il participa à de nombreux concours hippiques[2].

    La courte guerre du lieutenant de Vallombrosa

    En 1940, il est appelé sous les drapeaux, mobilisé avec le grade de lieutenant au 25e groupe de reconnaissance de division d’infanterie (25e GRDI). Il faisait parti des officiers d’Etat-Major . Il est tué par balle à Dontrien (Marne) le 11 juin 1940. Il serait mort à cheval à la tête de sa section, « que pouvait-il faire contre un char ? [3] ».

    « Souvenez-vous devant Dieu de Jean-Richard de Vallombrosa, Lieutenant au 25°G.R.D. Décoré de la Croix de guerre avec palme. Cité à l’ordre de l’armée. Mort pour la France à Dontrien (Marne) le 11 juin 1940 à l’âge de 32 ans. […] Officier de la plus haute valeur morale, modèle de bravoure. Le 11 juin 1940, chargé de la défense d’un secteur du village de Dontrien (Marne), après avoir permis par son intervention énergique l’exécution d’une difficile manœuvre de repli au Sud de la Py, d’une unité voisine durement engagée, est tombé glorieusement à la tête de son peloton, frappé d’une balle à la poitrine pendant l’exécution de sa mission. Restera pour ses chefs et ses hommes un exemple très pur de vrai courage (Journal officiel du 23 décembre 1940).[4] » Croix de guerre et médaille militaire viennent récompenser sa bravoure et son sacrifice.

    A noter que, en 1940, toutes les armées ont encore une cavalerie, même les Allemands qui basent leur stratégie sur la synergie chars/avions. Il faudra attendre l’arrivée en France des Américains pour voir une armée entièrement motorisée. L’opposition cheval/char est arrivé plus souvent qu’on le pense.

    Jean de Vallombrosa est inhumé dans la chapelle Saint Pierre, tombeau de la famille de Sabran-Pontevès, ici à Ansouis.

    Crédit

    Texte établi par Thierry Fouque

    Photo extraite de Bon Sang ne peut mentir de la Duchesse de Sabran-Pontevès (Jean-Claude Lattès 1987)

    L’histoire de Jean de Vallombrosa est basée sur le discours d’Yves Barnouin le 8 mai 2015. Pour compléter et vérifier, ont été consultés :

    • L’ouvrage de Michèle Bitton et Jean Priol Mémoires 1939-1945 du Pays d’aigues (Vaucluse 2) D’Ansouis à Vitrolles en Luberon (éditions Mémoire et Histoire, 2018),
    • La base filae où se trouve la fiche de décès sortie des archives de Paris,
    • La base mémoire des hommes du Ministère de la Défense et en particulier la Base des militaires décédés pendant la Seconde Guerre mondiale,

    [1] Discours commémoratif de Yves Barnouin (archives de l’Amicale des Combattants d’Ansouis et de la mémoire.

    [2] Discours commémoratif de Yves Barnouin

    [3] Discours commémoratif de Yves Barnouin

    [4] Cité dans l’ouvrage de Michèle Bitton et Jean Priol Mémoires 1939-1945 du Pays d’aigues (Vaucluse 2) D’ansouis à Vitrolles en Luberon (éditions Mémoire et Histoire, 2018),

  • L’inventaire topographique du Pays d’Aigues

    L’inventaire topographique du Pays d’Aigues

    Pour qui s’intéresse au Patrimoine de la région entre Durance et Luberon, il faut connaître l’Inventaire topographique du Pays d’Aigues. Il s’agit d’un fort volume publié par le Ministère de la Culture et de la Communication en 1981. Il est aujourd’hui épuisé, mais vous pouvez le trouver dans les bonnes bibliothèques (Les Millefeuilles d’Ansouis par exemple) ou en ligne sur les sites de vente d’occasion comme eBay, Ratuken… Essayons d’expliquer l’intérêt de ce livre.

    L’inventaire Topographique

    Constatant que les richesses patrimoniale de la France ne sont pas assez bien connues, ce qui rend difficile leur protection, André Malraux, par un décret du 4 mars 1964 met en place une commission et un service qui va se charger de faire cet inventaire, en s’appuyant sur des équipes et des commissions régionales. L’objectif global, est de disposer d’un fichier national permettant à l’administration d’intervenir rapidement pour protéger ou aider à la conservation des édifices et biens remarquables[1].

    On est encore dans la suite de l’école des Annales (Braudel, Duby sont toujours là). Le travail d’inventaire est fait par des équipes interdisciplinaires comportant architectes, archivistes, historiens, photographes, etc. La méthodologie varie au cours du temps. Très ambitieux au départ, visant à apporter une vision très détaillée du patrimoine, le projet va évoluer (avec des aller et retours constants), pour aboutir à un inventaire topographique, c’est-à-dire une liste la plus complète possible des monuments à inventorier, avec leur position géographique exacte.

    L’inventaire et le classement donnent lieu à des dossiers papiers, puis informatiques. Les données essentielles sont conservées dans deux bases de données principales MERIMEE, pour les biens immeubles, et PALISSY pour les biens meubles [2]

    En 1969, commence l’inventaire du Pays d’Aigues[3]. Il vise à faire ce recensement sur les 23 communes des cantons de Cadenet et Pertuis. Le canton de Cadenet a disparu lors de la réforme de la carte électorale de 2014. Le Canton de Pertuis est passé à 15 communes aujourd’hui[4] : Ansouis (84002), La Bastide-des-Jourdans (84009), La Bastidonne (84010), Beaumont-de-Pertuis (84014), Cabrières-d’Aigues (84024), Grambois (84052), Mirabeau (84076), La Motte-d’Aigues (84084), Pertuis (84089) , Peypin-d’Aigues (84090), Saint-Martin-de-la-Brasque (84113) , Sannes (84121) , La Tour-d’Aigues (84133), Villelaure (84147), Vitrolles-en-Lubéron (84151). Les 8 autres communes du canton de Cadenet qui avaient été inventoriées ont intégré le canton de Cheval blanc : Cadenet (84026), Cucuron (84042), Lauris (84065), Lourmarin (84068), Mérindol (84074), Puget (84093), Puyvert (84095), Vaugines (84140).

    Le travail est piloté par la Commission régionale de l’Inventaire de Provence Alpes Côte d’Azur, dont Paul-Albert Février est le Vice-Président. Il requiert 55 collaborateurs.

    En 1981, parait enfin l’Inventaire Topographique du Pays d’Aigues. 715 pages écrites serrées, 3 kg de de papiers, bardés de plan, de schémas et de photographies, il est édité par l’Imprimerie Nationale. Pour Ansouis, 55 immeubles sont décrits, et 8 biens meubles[5]. Les immeubles comportent le château, des églises ou chapelles, mais aussi des maisons, des fermes, des moulins, des fontaines, des tombeaux, etc. Le mobilier recensé est entièrement compris dans l’église.

    Tombeau de la famille Louis Carbonel de Saint Pierre (c) Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Inventaire général- Marc Heller, 1980

    Le résultat est intéressant à plusieurs titres. L’enquête a été faite à un moment charnière de la région. Les années 60 sont le point le plus bas démographiquement. On voit le pays avant que le Luberon soit à la mode. De nombreuses maisons étaient en ruine. Certains monuments ont disparu depuis, comme la statue de Saint Pierre sur le tombeau de la famille Ollivier dans le cimetière d’Ansouis, d’autres n’existent pas encore comme le Musée extraordinaire de Georges Mazoyer, chef d’œuvre d’art brut. A ces cas particuliers près, il fournit une vue très complète du patrimoine du Pays d’Aigues.

    La régionalisation de l’inventaire

    La tache de l’inventaire a toujours été faite à un niveau régional, mais par des services de l’Etat.

    La loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilité locale transfert aux Régions la compétence des opérations d’inventaire. Pour la Région Sud, les équipes et les archives sont déplacées de Aix-En-Provence à Marseille.

    Les classeurs de l’inventaire d’Ansouis

    Quelques années sont nécessaires pour s’organiser et construire un site internet permettant de publier les travaux réalisés. C’est le site patrimages.maregionsud.fr. Concernant le Pays d’Aigues, le service va publier les notices qui avaient été écrites par les équipes de l’inventaire.

    On s’aperçoit à cette occasion que le gros livre de l’inventaire topographique n’était qu’une synthèse très abrégée du travail fait. Les notices publiées en ligne sont beaucoup plus complètes. Prenons l’exemple de la maison dite maison des consuls à Ansouis. Dans l’inventaire c’est la maison 4 dont la présentation se résume à 5 lignes et une photo. Sur le site patrimages, la notice établie par Nerte Furtier et Elisabeth Sauze est plus riche, et accompagnée de sept photos de Gérard Roucaute (suivez ce lien pour la voir)

    notice sur la Maisons des Consuls, page 371 de l’Inventaire établie à partir du texte de Nerte Furtier et Elisabeth Sauze
    photo accompagnant la notice de l’inventaire fig 411 (c) Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Inventaire général- Roucaute, 1968

    Une partie importante des dossiers est maintenant en ligne. Le travail n’est cependant pas complet. La quasi totalité des biens inventoriés sur Ansouis sont visibles sur patrimages, à l’exception de quelques photos d’intérêt limité, de textes encore manuscrits et de certains plans ou schémas. Ce n’est pas le cas de tous les villages (Cucuron par exemple est sous-représenté). Il est cependant possible d’accéder aux documents originaux en prenant rendez-vous au service de l’inventaire [6].

    Reproduction des œuvres de l’inventaire

    La richesse iconographique de l’inventaire topographique du Pays d’Aigues peut donner envi de l’utiliser. Ceci ne peut se faire que dans un cadre strict.

    La propriété intellectuelle des travaux de l’inventaire à été transféré à la Région Sud, en même temps que le transfert des archives. Une petite partie ne lui appartient pas en totalité. Certains plans et cartes de l’inventaire ont été réalisés par les équipes de l’inventaire avec l’aide de l’Institut Géographique National (IGN). Ces documents ont donc deux propriétaires dont il faudrait demander l’accord pour la reproduction. Dans l’Inventaire il est explicitement dit que la reproduction est interdite.

    Pour tout le reste, la propriété intellectuelle appartient à la Région et son utilisation est régis par la licence Creative Commons BY-NC-ND. https://patrimages.maregionsud.fr/credits.html

    La licence CC-BY-NC-ND autorise toute diffusion de l’œuvre originale (partager, copier, reproduire, distribuer, communiquer), sous trois réserves :

    • Pas d’utilisation à des fins commerciales, permettant d’en tirer profit ;
    • N’effectuer aucune diffusion partielle, modification, adaptation ou traduction de l’œuvre ;
    • Créditer les créateurs de la paternité des œuvres originales, d’en indiquer les sources et d’indiquer si des modifications ont été effectuées aux œuvres (obligation d’attribution).

    Imprimé à une époque où l’on était moins sourcilleux sur les droits de propriété intellectuelle, le volume imprimé de l’inventaire ne permet pas de respecter ces règles. Pour le faire, il faut soit chercher le document sur le site patrimmages où les attributions sont clairement indiquées, soit les demander au service de l’Inventaire général du Patrimoine Culturel. L’attribution prend la forme suivante :

    (c) Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Inventaire général- [auteur], [date]

    Quelques attributions sont particulières :

    • Certaines photos ont deux auteurs ; les photographes sont partis à deux en mission et se sont aider pour les prises de vues,
    • Dans les déplacements des dossiers, quelques attributions se sont perdues. C’est relativement rare mais cela peut arriver. On est alors conduit à ne donner pour ces documents que l’attribution du propriétaire.
    Photomontage de la maison à l’entrée de la rue grande (c) Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Inventaire général-Gérard Roucaute 1968

    L’Inventaire topographique du Pays d’Aigues est une des richesses de notre région. Peu de pays disposent d’une base iconographique aussi riche que celle du Pays d’Aigues. C’est pourquoi il est important de le connaître et de l’utiliser, à chaque fois que l’on s’intéresse, aussi bien dans sa forme papier que numérique.

    Remerciements

    Merci à Mme Basso et M.Poulin du Service de l’Inventaire pour leur accueil.

    Crédits

    Le texte est de Thierry Fouque

    Les crédit des illustrations  sont en légende, sauf l’illustration d’en-tête qui est la couverture de l’Inventaire du Pays d’Aigues ((c) Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Inventaire général)


    [1] Voir le rapport de l’inspection générale des affaires culturelles 2014-34 Bilan de la décentralisation de l’inventaire général du Patrimoine culturel

    [2] Ces bases sont accessibles maintenant via la plate-forme POP (plate-forme ouverte du patrimoine)

    [3] Voir sur le site de présentation des études achevée de la région Sud

    [4] Voir le site Insee

    [6] Voir la brochure cadre d’intervention : inventorier, restaurer et valoriser le patrimoine.

  • Assemblée Générale 2024

    Assemblée Générale 2024

    L’assemblée générale ordinaire 2024 d’Ansouis Patrimoine a eu lieu mercredi 10 avril 2024, Salle Sarlin à Ansouis. Vous trouverez ci-dessous le procès-verbal de cette réunion.

    Elle a été suivie par un conseil d’administration le 3 juin 2024 au cours duquel les membres du conseil se sont répartis les fonctions.

    Christine d’Abrigeon       Présidente               06 15 12 23 21

    Jean-Paul Evrard              Vice-président       06 12 85 95 08

    Thierry Fouque                Trésorier                  06 79 70 96 82

    Jean-Claude Bonnet       Secrétaire                06 81 78 22 40                                                                                

  • Anaïs Karakeyan, l’arménienne d’Ansouis

    Anaïs Karakeyan, l’arménienne d’Ansouis

    De 1962 à 2021, la population d’Ansouis est passée de 521 habitants à 1061. Elle a donc doublé en presque 60 ans. Attirés par la beauté des lieux, un travail ou un conjoint, de nombreux étrangers sont devenus des ansouisiens. Leur histoire fait partie de notre patrimoine. Anaïs Karakeyan est l’une de ces installées de fraiche date qui enrichissent la vie de la commune.

    Son mari, Hamayak Arakélivitch Karakeyan, dit Hamo nait le 1 avril 1917 à Erzeroum à l’époque dans l’Empire russe, aujourd’hui en Turquie. Il est le dernier d’une famille de douze enfants. Il fait des études de médecine et de pharmacie à Erevan en Arménie russe[1]. Il est appelé au service militaire par l’Union Soviétique lors de la deuxième guerre mondiale. Mais il est fait prisonnier par les Allemands. Ceux-ci l’intègre dans la Légion arménienne, corps d’armée composé d’arméniens et destiné à lutter contre les bolchéviks. Rapidement cependant les Allemands vont envoyer cette légion sur d’autres fronts en fonction de leurs besoins et Hamo se retrouve dans le sud de la France à l’hôpital de Mende. Il continue à exercer la fonction de médecin, principalement chargé d’analyses médicales de novembre 1943 à juin 1944. Dans cet établissement il rencontre une femme arménienne parlant russe qui lui apprend qu’existe un mouvement de Résistance à proximité. Il va rejoindre le maquis fondé le 1er juin 1944 par le docteur Yves Testor. Ce maquis prendra le nom d’Arrète-Saules du nom de deux résistants abattus dans une embuscade le 1er aout 1944, le commandant Dimonais, dit Arete, et son chauffeur Saules. Hamo continue à exercer la fonction de médecin avec le grade de capitaine sous les ordre du médeçin Bureau.

    Il participe aussi aux combats, en particulier il fait parti de l’équipe qui tend une embuscade aux Allemands au lieu-dit Bois du Four. 2 maquisards seront tués ce jour là. Le 8 septembre 1944, le maquis Arrète-Saules intègre la Brigade légère du Languedoc (BLL) formée avec des maquis regroupés dans les 80e et 81e régiments d’infanterie. La brigade légère du Languedoc intégre l’armée de De Lattre de Tassigny et participe à la campagne contre l’Allemagne de 1944 à 1945 (Bourgogne, Alsace, Allemagne). Hamo est démobilisé le 30 octobre 1944, car reconnu inapte à participer à la campagne du fait d’une myocardite chronique séquelle d’une bacillose pulmonaire ancienne. Démobilisé, Hamo prévoit de retourner en Union Soviétique. Mais pour Staline qui dirige alors le pays, un bon soldat est un soldat qui se bat ou un soldat mort. Les prisonniers ne méritent que la déportation au Goulag. Hamo est donc bloqué en France. Il rejoint Marseille où existe une communauté arménienne. C’est là qu’il rencontre Anaïs Manoukian, une jeune marseillaise d’origine arménienne, fille de Gadarine et Zaven Manoukian.

    Marseille, les ports et le pont transbordeur (carte postale des années 30)

    Gadarine est née à Smyrne (aujourd’hui Izmir sur la cote turque de la Mer Egée). Zaven vient de Divrik (aujourd’hui Divrigi)  au milieu de l’Anatolie. A l’époque l’Empire Ottoman est une mosaïque de peuples. Il y a des turcs, des arabes, des grecs, des arméniens pour s’en tenir aux plus nombreux. Le mouvement jeune turc, promu par de jeunes officiers  apparu à la fin du XIXe va essayer d’amener la Turquie vers la création d’une nation laïque unifiée. En 1908, ils provoquent pour la première fois des élections au suffrage universel auxquelles les Arméniens participent avec enthousiasme. Mais rapidement les jeunes turcs se méfient de ce peuple qui a des cousins, ayant la même langue et la même foi chez l’ennemi, l’Empire russe.

    En 1915, ces admirateurs de Robespierre et Bismarck déclenchent une terreur avec mitrailleuse. C’est le génocide arménien[2].

    Constantinople au début du XXe

    Le grand-père d’Anaïs avait senti que le risque de la violence montait. Avant-guerre, il a demandé à ses fils de partir à l’étranger pour préparer l’émigration de la famille. Zaven et son frère sont donc partis aux Etats-Unis d’Amérique. En 1915, ils sont prêts, ils ont les moyens d’accueillir la famille. Zaven revient en Europe pour recueillir sa famille. Mais son père demande d’attendre. La moisson n’est pas faite, moment important pour cette famille de paysan. Mais lorsqu’enfin, il peut arriver c’est trop tard. La famille a été massacrée. Zaven se replie rapidement à Athènes en Grèce.

    Gadarine, Zaven, Satenik

    C’est là qu’il rencontre Gadarine, accompagnée de sa mère, Satenik. Les deux jeunes gens tombent amoureux et décident d’émigrer ensemble. Mais les Etats-Unis refusent d’accorder un visa à la grand-mère. Le couple décide de ne pas l’abandonner et tout le mode se retrouve à Marseille en 1923. Zaven devient docker sur le port de commerce. Gadarine entre dans la maison de couture Taylor Made qui a sa devanture sur la Canebière. Elle devient « pantalonnière » spécialisée dans la fabrication de pantalons. Elle travaille dans son appartement. En 1927, c’est la naissance d’Anaïs. Elle est bientôt rejointe par son frère.

    Hélas, le père tombe au travail et se blesse. La famille doit vivre sur le seul revenu de Gadarine.

    Anaïs est encore à l’école, où elle suit bien et ramasse de bonnes notes. Mais vers 12 ou 13 ans, elle s’accroche avec son professeur d’éducation physique. Celui-ci réclame qu’elle porte des espadrilles. Mais sa mère ne peut pas les payer. L’éducateur la chasse du cours devant tous ses camarades de classe. Se sentant humiliée, Anaïs quitte définitivement l’école. Elle rencontre alors une ancienne institutrice qui l’introduit comme apprentie chez une couturière installée rue de la Grande Armée dans le 1er arrondissement de Marseille. Le 27 mai 1944, elle échappe au bombardement du centre-ville de Marseille par les Américains. « le bombardement marseillais du 27 mai est l’un des plus meurtriers que la France ait subi : 1 752 morts, 2 760 blessés, 1 022 maisons détruites et 8 865 endommagées. Des dizaines de milliers de Marseillais vont fuir la ville dans les jours qui suivent pour se réfugier dans les villages de banlieue ou dans l’arrière-pays« .[3]

    La famille d’Anaïs : Anaïs, Hamo, Satenik, Gadarine, Zaven, le frère

    Elle s’installe à son compte. Elle travaille d’abord pour ses voisines puis elle élargit progressivement sa clientèle. Elle rencontre alors Hamo et se marie avec lui. Malgrè ses service antérieurs, et des certificats obtenus de ses employeurs et des commandants du maquis, Hamo ne peut exercer sa profession de médecin, son diplôme n’étant pas reconnu en France. Il va aider Anaïs en assurant de petites taches, et il devient musicien, profession qui peut rapporter beaucoup mais de manière intermittente. Il joue du kemântcheh, instrument à corde frotté, traditionnel dans le Moyen-Orient. En 1956, il tente une autre expérience en partant avec Anaïs au Brésil. Il s’installe à Sao Paulo comme pharmacien. Mais pris par le mal du pays, les deux jeunes gens décident finalement de revenir sur Marseille.

    Hamo Karakeyan et son Kemantcheh

    Malheureusement Hamo est atteint de troubles cardiaques. Le médecin leur conseille de trouver une maison de plein pied car la montée des escaliers fatigue trop son cœur.

    Sa mère lui avait fait découvrir le Pays d’Aigues. Elle venait dans le pays au moment des vendanges et travaillait chez M. Garcin. Celui-ci avait deux filles de l’âge d’Anaïs. Celle-ci prend un grand plaisir à venir et reste régulièrement en contact avec ses amies. Finalement M. Garcin lui propose de lui vendre un petit terrain sur la route de Pertuis. C’est là qu’elle fait construire une maison dans les années 1970. Elle va vivre avec Hamo et avec sa mère après le décès de son père. Malheureusement Hamo décède 3 mois après l’installation.

    Elle reste seule.  Elle continue à coudre pendant une vingtaine d’année. Les marchands de tissus de Marseille ne l’ont pas oublié. Ils lui envoient des clientes capables de s’acheter de riches étoffes. Sa mère l’aide tant qu’elle le peut, avant de décéder.

    A la retraite, la secrétaire de mairie lui fait connaître des gens qui randonnent. Elle va ainsi parcourir les paysages d’Ansouis et alentours pendant trente ans. Elle s’affilie aussi à l’Association Sportive Ansouisienne et à l’Amicale des Anciens Combattants.

    La maison d’Ansouis

    Finalement à 96 ans, après quelques accidents de santé, le médecin lui demande de s’installer à l’EHPAD. Elle est face au château, n’hésite pas à sortir. Elle a encore  une bonne tête. Elle est devenue une vraie ansouisienne. Sauf une nièce qui vient la voir de temps en temps, tous les siens sont dans le vieux carré du cimetière d’Ansouis. Le plus tard possible elle les rejoindra un jour.

    Crédits

    Ecriture du texte par Thierry Fouque sous la dictée d’Anaïs Karakeyan. La partie concernant la guerre d’Hamo a été complétée par le dossier de ses états de service qu’elle a bien voulu me confier, ainsi que par diverses recherches sur internet concernant la Légion arménienne et le maquis Arrete-Saules, en particulier la biographie d’Yves Testor sur le site https://maitron.fr/

    Photo d’en-tête Anaïs et Hamo

    Photos collection Anaïs Karakeyan sauf

    • Cartes postales de Constantinople et de Marseille, collection Thierry Fouque

    [1]  La population arménienne habitait à cheval sur deux empires, l’Empire tsariste devenu l’Union soviétique, et l’empire ottoman, devenu la Turquie.

    [2] Sur l’Histoire du génocide arménien voir Hamit Bozarslan, Vincent Duclert, Raymond Kévorkian, Comprendre le génocide des Arméniens: De 1915 à nos jours (Taillandier 2022)

    [3] Jean-Marie Guillon cité par le site  https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/2014/05/27/il-y-70-ans-marseille-sous-les-bombes-485699.html

  • Découverte du village d’Ansouis

    Découverte du village d’Ansouis

    Les visites historiques et culturelles d’Ansouis proposées par Ansouis Patrimoine en partenariat avec l’Office de Tourisme reprennent dès maintenant, au rythme d’une visite par mois jusqu’à la fin du printemps. D’autres animations sont à l’étude mais la programmation est en cours de définition.

    Partez à la découverte d’Ansouis un mercredi par mois pendant le printemps !

    Le village perché d’Ansouis est classé parmi les plus beaux de France. Riche d’une histoire qui le lie à son château, son église, le village d’Ansouis, avec son installation entre falaise et pied de pente, conserve des vestiges impressionnants d’un passé ancien et parfois plus récent.

    Lors de cette visite à la découverte du village emblématique, vous serez accompagné par un membre de l’association Ansouis Patrimoine qui œuvre pour la mise en valeur du patrimoine local.

    La balade part de la place Saint Elzéar qui se situe en face de la mairie, puis monte jusqu’à l’église et redescend progressivement jusqu’au Musée Extraordinaire. Vous passerez par les principaux points d’intérêts du village : les écoles, les mairies, les remparts, le château.

    De ses fontaines à son petit portail, le village, réputé pour être l’un des plus beaux de France, reste fidèle à sa réputation.

    Le programme de visite du printemps est le suivant :

    Mercredi 28 février 2024,

    Mercredi 27 mars 2024,

    Mercredi 24 avril 2024,

    Mercredi 29 mai 2024,

    mercredi 26 juin 2024.

    Les visites commencent sur la place Saint Elzéar à 10h30 et durent 1h30.

    Les visites seront maintenues sauf en cas d’intempéries ou cas de force majeure empêchant leur tenue.

    En tant que guide du groupe, l’accompagnateur se réserve le droit d’écourter ou d’annuler la prestation s’il juge que la sécurité, la sérénité ou la tranquillité tant des visiteurs que des riverains ne sont pas assurées.

    La visite ne comprend pas la visite du château et des musées présents dans le village d’Ansouis.

    Réservation obligatoire auprès de l’Office de Tourisme avant le début de la visite (en ligne ou aux comptoirs du Château de La Tour d’Aigues ou au 11 Cours de Pourrières à Cucuron).

    Crédits

    Texte de Thierry Fouque

    Photo des marches de l’église Office de Tourisme

    Photo de l’amandier par Thierry Fouque

    Les amandiers commencent à fleurir, premier signe de la sortie de l’hiver
  • Pistachié

    Pistachié

    La crèche provençale, c’est la naissance de Jésus en Provence sous Louis-Philippe. Nous ne sommes plus en Palestine au Ier siècle de notre ère, mais en Provence avant la Révolution industrielle. Aux personnages traditionnels de Noel, Marie, Joseph, les bergers et les rois mages, il faut ajouter tous les habitants du village, les petits saints, (santoun) portant leur cadeau au nouvel enfant. Certains ont acquis une identité grâce aux pastorales, ces pièces de circonstance dont l’une des plus anciennes est celle écrite par Antoine Maurel, créée en 1844. On y rencontre entre autres Roustido le vieux propriétaire, Pimpara l’amouliaire (rémouleur), Jourdan et Margarida et donc Pistachié.  Les mésaventures de ce dernier font l’essentiel de l’action des trois premiers actes de la Pastorale.

       Santon Pistachié (origine Fouque)

    Pistachié se reconnait à son bonnet de nuit. Il porte deux paniers, une morue salée et une pompe à huile. Ce sont les cadeaux du pauvre. La morue est un poisson séché que l’on peut manger dans la Provence intérieure. La pompe, c’est un peu de farine, d’huile, et de sucre. Pistachié est le valet de ferme, un costaud qui aide le chef de famille à mener les terres. Antoine Maurel en a fait un poltron et un ivrogne, mâtiné de grand fainéant. Assez naïf et un peu niais, il accepte de vendre son ombre au Boumian. Il a la réputation de courir les filles d’où son surnom. En effet, la pistache est un fruit qui passe pour être aphrodisiaque. « En Provence, un pistachié est un vert galant, un homme intéressé par les femmes [..] Le pistachié a toujours quelques mots à double sens à servir à une femme. C’est une forme de galanterie appuyée qui n’est jamais repoussée, car le langage à double sens permet l’interprétation sexuelle ou non. » (Jean-Claude Rey, cité par Jean-Max Tixier)

    Des Pistachiés il y en a partout à Ansouis dans les anciens temps. Dans une ferme il y a souvent deux hommes, le chef de ménage et un autre qui l’aide aux travaux des champs. Cet autre peut être un fils, un gendre, un neveu, un frère. Mais s’il n’y a pas dans la famille d’homme en âge de travailler, il y a un domestique agriculteur, autrement dit un valet de ferme. Dans le recensement 1911, à coté du chef de famille paysan, il y a 40 fils ayant dépassé l’âge de l’école (13 ans à l’époque), 13 membres de la famille (gendre, père, frère, etc), et 13 valets de ferme.

    Celui-ci n’a pas trop son mot à dire dans la conduite des affaires, le suffrage universel masculin ne s’impose qu’avec la Troisième République après 1870. En faisant de lui un nigaud un peu idiot, Maurel justifiait le peu de considération pour Pistachié.

    Mais pour moi, le Pistachié, c’est d’abord Abel Curnier.

    Abel François Curnier est né à Bédouin, au pied du mont Ventoux le 23 mai 1870. Il est le fils de Jean Curnier et d’Adèle Laugier. Son père meurt dès l’année suivante à l’âge de 23 ans. Sa mère se remarie en 1877 avec un paysan plus âgé qu’elle, Bernard Reynard (ils ont 17 ans d’écart). Elle lui donne un fils, Frederic en 1879. Abel reste dans cette famille jusqu’à ses 20 ans, puis il part, laissant la place pour son demi-frère.

    Il est petit (1m59), de constitution plutôt chétive. Le conseil de révision le place dans la réserve. Mais les photos qui nous restent de lui montrent un homme gai, avec un perpétuel sourire en coin. Il mène pendant sa jeunesse une vie errante, d’un village à l’autre, d’un métier à l’autre. En 1893 il est à Ansouis, en 1894 à La Tour D’aigues, en 1895 aux Beaumettes à coté de Sault, en 1899 à Carpentras[1]. Il se fixe un temps à Carpentras, où il est présent aux recensements de 1906 et 1911, avant de revenir à Ansouis au recensement de 1921. Sur son livret militaire il est cultivateur. Sur son acte de mariage en 1894 il est cantonnier, au recensement de 1906 journalier, à celui de 1911 gérant d’épicerie, en 1921, coursier.

    l’encyclopédie socialiste d’Abel Curnier

    Il a les idées politiques et sociales assortie. Dans la maigre bibliothèque qu’il a laissée, il y a neuf volumes d’une « Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative de l’Internationale ouvrière » (l’ouvrage complet faisait 12 volumes). L’ouvrage est publié sous le patronage de Adéodat Compère-Morel, député SFIO du Gard de 1909 à 1936. Il encourage à passer à l’action pour obtenir la collectivisation des moyens de production, et pour échapper à la condition misérable que la propriété individuelle laisse aux travailleurs.

    le massacre des communards sur le mur des fédérés

    « Ces journaliers agricoles, ces valets de ferme, savent fort bien qu’avec les salaires de famine qui leur sont alloués, ils sont condamnés à vivre misérablement jusqu’à la fin de leurs jours dans l’enfer du salariat. Ils savent que même si le « bon patron », le « bon propriétaire » n’étaient pas des mythes éclos dans des cerveaux embrumés de gens bien intentionnés, qui ne veulent pas voir que le travailleur doit compter avec les réalités et non avec leurs désirs, ce « bon propriétaire », même s’il le voulait serait impuissant à récompenser la bonne volonté et l’esprit d’initiative des salariés. »

    La famille Girard devant la fontaine à Martialis : de gauche à droite, Malvina Cazal, la nièce, Thérèse Devaux, la mère de Philippine, Frédéric Girard, le chef de famille, Philippine Girard-Caste, son épouse, Gabriel Borel, le valet de ferme tenant le cheval de l’exploitation.

    D’après la tradition familiale, lors de son passage à Ansouis, il a travaillé à la ferme de Martialis. Son passage a du être court, car il n’est visible sur aucun document. Sans doute, a-t-il travaillé pour la moisson ou la vendange. C’est que la place de valet de ferme permanent est occupée par un certain Gabriel Borel. Mais au passage, il a tapé dans l’œil de la fille du domaine, Malvina Tulle Cazal. Celle-ci est la nièce des propriétaires, Frédéric et Philippine Girard. Les deux jeunes gens se marient à Cucuron le 4 avril 1894. Ils vont avoir deux enfants, Marcel en 1900, et Marthe en 1903.

    Abel et Malvina, devant eux, Marthe et Marcel

    En 1919, suite à un accident de voiture d’après la tradition familiale, Frédéric et Philippine décèdent.

    Avant de mourir, Philippine a le temps d’écrire ses dernières volontés. Le couple n’ayant pas eu de descendance, elle va tout laisser aux enfants de Marie Cazal, sa belle-soeur. Elle donne au garçon, Cyr, un terrain en bordure de la route de Villelaure et un autre au Praderet, à Marie une maison sur le Boulevard des Platanes à Ansouis, et à Malvina le domaine de Martialis. Ce dernier leg comprend une partie du Château qui a été divisé, une grande terre à blé face à la bastide de la Pourette, un morceau de vigne sur la pente de la colline face au château, le Triangle, un bout de forêt derrière la vigne et un pré au pied de la Colline au sud. Héritage qui s’expliquerait par le fait de Malvina a aidé Philippine à s’occuper de sa mère, Thérèse Devaux qui vivait avec elle.

    Voila donc Abel le Pistachié devenu Roustide, le propriétaire. Il n’est pas vraiment riche, mais il n’a jamais eu autant de biens. Il a même un valet de ferme, Marcel Giraud qui habite avec son épouse Madeleine dans l’appartement qui jouxte celui du propriétaire.

    Le gendre d’Abel, Antonin Fouque, comptable conservateur et bon catholique, pourra se moquer de ce révolutionnaire de café du commerce, devenu propriétaire.

    Mais je l’imagine bien attelant Nenette, la petite ânesse à la jardinière, et amenant Malvina à messe. Celle-ci, fervente chrétienne, monte à l’église pour assister à l’office, et reste un moment pour saluer le curé et Madame la Duchesse. Pendant ce temps Abel sirote un apéritif au bar des Sports en surveillant Nenette, pour montrer qu’il n’a pas trop changé d’idées.

    On m’a fait remarquer que c’était un poncif un peu éculé. Mais il peut y avoir une certaine vérité à ces clichés. Abel, comme le Pistachié, dit quelques chose de la sociologie historique de de nos villages.

    Pour en savoir plus

    Encyclopédie Socialiste (ouvrage collectif sous la direction de Compère-Morel et Jean-Lorris. éditeur Quillet 1912)

    Jean-Max Texier : La crèche et les santons de Provence (Aubanel 2000)

    Crédits

    Texte de Thierry Fouque

    Photos collection famille Fouque

    Dessin du mur des fédérés dans l’Encyclopédie Socialiste

    recensements aux Archives départementales du Vaucluse (publiés en ligne)

    Santon de l’atelier Fouque


    [1] Livret militaire matricule 1577 classe 1890 (archives départementales du Vaucluse accessible en ligne

  • Les compagnons d’armes, Gaston Clapier, Paul Carbonnel, Charles Giraudon et Albert Barnouin

    Les compagnons d’armes, Gaston Clapier, Paul Carbonnel, Charles Giraudon et Albert Barnouin

    Plus terrible que l’onde aux vagues déchainées
    La guerre en vrai fléau foule nos destinées

    Comme Albert Point dont nous avons déjà raconté l’histoire, ils sont morts en août 1914 dans les premiers jours de la guerre. Voici leur histoire.

    Avant la guerre

    Gaston Clapier, Paul Carbonnel, Charles Giraudon et Albert Barnouin sont cultivateurs, fils de cultivateurs. Gaston Clapier, Charles Giraudon et Albert Barnouin sont nés à Ansouis, respectivement en 1884 pour les deux premiers et en 1891 pour Albert. Paul Carbonnel est né à la Motte d’Aigues en 1889.

    Carbonnel et Giraudon se sont mariés avant la guerre, Giraudon avec Augusta Sarlin le 29 août 1908 à Ansouis ; il habite avec son épouse au quartier de Soulières lors du recensement de 1911. Carbonnel se marie à Ansouis, le 17 novembre 1912 avec Georgette Pin.

    Gaston Clapier, Paul Carbonnel et Charles Giraudon ont fait leur service militaire au 58ème Régiment d’Infanterie (58ème RI) comme beaucoup d’habitants du Vaucluse. Albert Barnouin a été mobilisé le 10 août 1913. Il a incorporé le 4ème régiment de zouaves, une unité coloniale, cantonnée à Tunis. Il est toujours sous les drapeaux à la déclaration de guerre.

    Dans la guerre avec le 58ème RI

    Gaston, Paul, et Charles rejoignent le 58ème RI dès la mobilisation générale et suivent l’odyssée du 58ème racontée dans la chronique d’Albert Point.

    Le 10 août le régiment entre dans la Lorraine annexée par les Allemands. Gaston Clapier disparait le 11 août 1914 lors des premiers combats à Lagarde.

    Le régiment continue à avancer vers Dieuze. Paul Carbonnel meurt le 20 août 1914, lorsque l’artillerie et les mitrailleuses allemandes finissent de désintégrer le 58ème RI.

    Ce qui reste de troupe au 58ème RI reflue alors avec les blessés. Le 25 août 1914, ils sont à Buzy (aujourd’hui Buzy-Darmont) dans le département de la Meuse.

    Charles Giraudon meurt alors que Albert Point est capturé. Il est difficile de comprendre ce qui s’est passé ce jour-là. Ni le journal de marche du 58ème RI, ni l’historique du régiment ne parlent de combats à Buzy. En fin de journée le 24 août, ce qui reste du régiment part à la poursuite des Allemands mais le combat n’est pas engagé ni ce jour-là, ni le suivant. Sans doute y a-t-il une courte escarmouche non décrite.

    Dans la guerre avec le 4ème Zouaves

    Lors de la déclaration de guerre, le régiment de zouaves est coupé en deux. Une partie des troupes est à Tunis avec l’Etat-Major, et une autre partie est à Rosny-Sous-Bois en région parisienne. Dans un premier temps, le régiment se regroupe à Rosny. Les troupes en Afrique quittent Tunis le 4 août, traversent la Méditerranée à partir d’Alger et arrivent à Rosny le 14 août. Ils font alors route vers le front. Le 22 août, ils sont à Tarcienne, un village de la commune belge de Walcourt. Le 23 août, ils rencontrent les survivants des combats précédents. C’est leur premier contact avec la guerre.

    « Au petit jour des isolés et de petites factions passent sur la route. Ce sont des débris des régiments décimés la veille au Chatelet. L’aspect de ces hommes déprimés produit une impression fâcheuse. Quelques officiers s’emploient à empêcher certains de ces militaires (notamment un lieutenant du 74ème) de semer le découragement par le récit de la défaite à laquelle ils viennent d’assister. Les isolés passent et bientôt s’efface l’impression par eux produite un instant tellement est grande la confiance des zouaves et élevé leur moral.[1] »

    Les combats commencent dès le matin et vont durer toute la journée, pour finalement voir le régiment devoir se replier en fin de journée devant un ennemi supérieur en nombre et en armement. « Le tir commença vers 7 heures. On riposta. Les batteries du 32° firent dès cette première action l’admiration des Zouaves et c’est alors que s’engagea entre Zouaves et Artilleurs de la 38° une confiance qui ne devait plus disparaître.

    Des Hussards ennemis se montrèrent tout d’abord en avant de Gerpinnes. Ils furent arrêtés par nos mitrailleuses. Les colonnes allemandes qui cherchaient à déboucher furent maintenues jusqu’au soir.

    Pourtant, à 19 heures, l’ennemi, supérieur en nombre, nous tourne par la gauche. Il faut songer à un repli, abandonner le talus provisoire édifié la veille et se reporter en arrière sous une fusillade violente qui bientôt part des premières maisons de Tarcienne.

    Les habitants épouvantés fuient en tous sens, gênent notre mouvement déjà si difficile. Beaucoup d’hommes tombent, néanmoins le repli se fait en bon ordre.

    On se retire en direction de Somzée

    Pour échapper aux balles, par instant, les Zouaves arrachent aux meules des gerbes de blé et s’en servent de boucliers. Ces gerbes mouvantes tombent, rougissent de sang, mais beaucoup se relèvent, bondissent, se couchent pour rebondir encore et peu à peu les sections se reforment Les mitrailleuses du Lieutenant Helbert (4ème bataillon) continuent à tirer jusqu’au dernier moment. Cet officier, qui, seul fera toute la campagne avec le régiment, n’échappe à la mort en cette première circonstance que grâce à son énergie el à son sang-froid. Blessé légèrement, empêtré dans une clôture en fil de fer, il parvient à se décrocher juste à temps pour éviter le coup mortel que l’ennemi ajuste à quelques pas de lui. Il peut enfin rejoindre le reste de sa section avec la mitrailleuse qui vient de faire tant de mal à l’assaillant.

    Tous ne l’ont pas pu, et le soir au bivouac installé dans les champs qui avoisinent Laneffe, il y a des absents.[2]» 

    Albert Barnouin ne verra pas la suite, il est mort ce jour-là d’après son acte de décès.

    Après le combat

    Les journées du 20 au 24 août 1914 constituent un pic de violence. 40 000 français meurent au combat, avec un sommet à 27 000 morts le 22 août[3]. Ce jour là meurent plus de soldats que pendant toute la guerre d’Algérie. Les corps mutilés, défigurés restés sur le champ de bataille sont difficilement reconnaissables. L’armée a autre chose à faire que de reconnaitre les morts et de les enterrer. Les journaux de campagne des régiments essaient de donner le nombre de morts, information importante pour savoir si l’unité militaire est encore opérationnelle, mais ces morts sont anonymes.

    La reconnaissance de la mort prend du temps. La mort de Charles Giraudon est confirmée par un jugement du tribunal d’Apt du 20 février 1917, 3 ans après. Celle de Paul Carbonnel est reconnue par le même tribunal le 20 avril 1920.  Albert Barnouin est reconnu décédé le 9 février 1921. Le cas le plus étrange va être celui de Gaston Clapier. Son livret militaire le désigne disparu le 11 août. Toujours d’après le livret, sa mort est confirmée par une source allemande, une note retrouvée le 21 septembre 1915. Mais sur la fiche de décès écrite le 1 décembre 1920 toujours par le Tribunal d’Apt, il est déclaré mort entre le 20 et le 27 septembre 1914 à Saint Mihiel dans la Meuse.

    En attendant les épouses ne peuvent pas se remarier, les héritages ne peuvent être versés, les aides pour les enfants ou les familles ne peuvent être versée.

    Au recensement de 1921, Georgette Carbonnel, l’épouse de Paul est retournée dans sa famille. Augusta Giraudon, la veuve de Charles, habite Place des Hôtes dans le village. Elle est journalière, autrement dit ouvrière engagée et payée à la journée. Sa vie matérielle devait être difficile.

    Tous ces hommes sont sur la plaque dans l’église et sur le monument au mort. Paul Carbonnel a une plaque personnelle sur la tombe de famille dans le cimetière d’Ansouis (elle fait l’illustration d’en-tête de cette chronique, ainsi que la devise en exergue).

    Crédits

    Texte de Thierry Fouque.

    Photo de la plaque au cimetière par T.Fouque,

    Lors de la préparation des cérémonies du centenaire en 2014, l’Amicale des Anciens Combattants d’Ansouis avait recensé les soldats sur le monument, établi leur date de naissance, et retrouver leurs régiments. Cette base de travail a facilité la recherche dans les archives.

    Livrets militaires, actes d’états civils, recensements sortis des archives départementales du Vaucluse (AD84)

    Journaux de marche et fiches de décès extraits de Mémoire des hommes (base numérique du Ministère de la Défense)

    Historique des régiments dans la base Gallica (base numérique de la Bibliothèque Nationale de France)


    [1] Journal de marche du 4ème régiment de zouaves (base « Mémoire des hommes »  du ministère de la défense)

    [2] Historique du 4ème Zouave (base Gallica)

    [3] Préface de Stéphane Audouin-Rouzeau au livre de Jean-Michel Steg « Le jour le plus meurtrier de l’Histoire de France 22 août 1914 » (Fayard 2013)

  • Yves Barnouin le maçon combattant

    Yves Barnouin le maçon combattant

    Yves Barnouin a été une figure essentielle des Anciens Combattants d’Ansouis, vice-président puis président des anciens combattants d’Ansouis, toujours présent à nos côtés. C’est aussi un ansouisien de vieille source qu’il faut connaître.

    Yves nait le 28 juin 1932 de Angèle et Fernand Barnouin qui habitent alors dans la rue Grande. Les Barnouin sont une vieille famille ansouisienne. L’arrière-grand père était déjà agriculteur sur la commune. La famille venait de Malaucène sur les pentes nord du Ventoux. Fernand a créé une petite entreprise de maçonnerie en 1936.

    Yves suit ses études jusqu’au certificat d’étude puis entre comme apprenti dans l’établissement de son père. Le 1 mai 1953, il est appelé au service au 8ème Dragon en Allemagne. Mais au conseil de révision, il avait été déclaré inapte à la marche et au sport. Il est donc envoyé dans les services auxiliaires. Il est adressé pour faire un stage d’infirmier. Mais les animateurs ayant fait toutes les sessions du stage avec une activité physique qu’il ne peut pas faire, ce stage n’est pas validé. Il est cependant envoyé à l’infirmerie, où après lui avoir fait faire une dictée, il est nommé secrétaire. Il reste dans ce poste pendant tout son service, à Saarburg à proximité de Trèves. Il est enfin renvoyé dans ses foyers le 30 octobre 1954.

    le soldat Barnouin

    Yves reprend alors l’entreprise familiale, son père ayant dû arrêter du fait de problèmes de santé. Mais, à sa grande surprise, il est rappelé pour servir en Algérie le 18 avril 1956 . Il est affecté aux transmissions au Deuxième Régiment d’Infanterie Coloniale (2ème RIC). Cette unité est essentiellement composée d’habitant de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il y avait beaucoup de marseillais, de toulonnais, de niçois, quelques parisiens malgré tout. Il va passer les huit mois dans la région d’Aïn Témouchent dans l’Ouest de l’Algérie. Son unité migrait régulièrement de fermes et en fermes. La compagnie assurait des opérations de maintien de l’ordre. Peu d’accrochages avec les fedayins et peu de blessés. Mais le séjour commence par la mort de 2 appelés. Le commandant de l’unité en pleure. C’était un homme près de ses soldats. Lors de la séance de la toilette du matin, les hommes faisaient la queue avec leur casque pour avoir de l’eau pour se laver. Le commandant acceptait de se mettre dans la queue avec ses hommes. Son adjoint était moins civil. Il demandait à Yves de prendre son casque pour lui ramener de l’eau. Le jeune troufion passait devant la file avec le casque de son capitaine, malgré les regards désapprobateurs des autres.

    Entretemps deux autres soldats sont morts lors de l’attaque d’une ferme. Celle-ci était occupée par des fedayins qui reçurent avec des armes des soldats français. Finalement ses supérieurs nomment Yves Barnouin 1ere classe, son nom passant sur le dessus de la liste. Enfin le 16 novembre 1956, il est démobilisé et retrouve son métier de maçon à Ansouis.

    Le vignoble d’Ain Temouchent en 1952

    La période est celle où le village se repeuple et se reconstruit. Il y a beaucoup de travail pour un maçon, et il fait finalement peu de chantier en dehors de la commune. Il habite rue du petit portail, là où se trouve maintenant le santonnier du village, M. Galli. Pendant 40 ans il fera des réparations au château, en particulier en changeant toutes les fenêtres. Il travaille aussi à Martialis en 63-64 à la demande de Marthe Fouque-Curnier ; Venu pour nettoyer les gouttières, il remplace le poêle, bouche la cheminée pour éviter la fumée dans la cuisine.

    1969 état d’une maison d’Ansouis avant la reconstruction de la fin du XXe siècle

    En 1963, il épouse Josyane avec qui il aura 2 filles. En 1982, ils s’agrandissent en construisant une villa au quartier du Praderet. La place commençait à manquer rue du petit Portail pour l’habitation et pour l’entreprise.

    Parallèlement, Yves s’implique dans la vie de la communauté d’Ansouis. Avec quelques jeunes amis (ils ont la vingtaine), il participe à la refondation de la Fauvette, la société de chasse d’Ansouis qui s’était arrêté pendant la guerre. Il est aussi à l’association de la pétanque, enfin il entre au conseil municipal avec son ami Paul Allemand en 1971. Il participe à la fondation d’une Amicale des donneurs de sang. Lorsque Paul prend la place de maire en 1975, Yves accepte de l’accompagner et devient adjoint au maire pendant trois mandats.

    Il n’y avait pas d’association d’anciens combattants à Ansouis. Le village était petit, et ceux qui voulaient maintenir la camaraderie des combattants pouvaient aller à l’Association de Cucuron. En 1953, Maurice Molard arrive à Ansouis et achète une maison rue Basse. Le temps passe et Maurice propose en 1977 à quelques amis dont Yves de fonder l’Amicale des Anciens combattants d’Ansouis. Il y a là aussi Monsieur Establet et Monsieur Chanaud. Yves devient tout de suite vice-président. Maurice a toujours son habitation principale à l’Isle-sur-Sorgue, et il se sert d’Yves comme correspondant sur place (même s’il vient tous les lundis à Ansouis).

    En 1992, Yves prend sa retraite et cède une partie de son activité et de son matériel à un neveu. Il a quitté le poste d’adjoint à la mairie en 1989, en même temps que Paul Allemand.

    En 1996, Maurice Molard décède à la suite d’un accident de la route à Cheval Blanc, en revenant d’Ansouis vers l’Isle sur Sorgue. Yves devient président, accompagné par Maxime Fouque, Vice-Président (celui-ci avait pris sa carte d’ancien combattant dès son arrivée à Ansouis en 1988).

    Enfin en 2019, il cède la place de président de l’Amicale à Pierre Bohringer, et la même année il quitte Ansouis pour s’installe aux Jardins d’Antine à Pertuis. Mais encore bon pied, bon œil malgré son âge, il continue à suivre les activités de l’Association.

    Les dirigeants d’Associations d’Anciens Combattants du Sud Luberon en 2014. Yves est au deuxième rang à gauche, derrière le président de Vaugines, son trésorier Jean-Paul Martin à coté (décédé depuis), au premier rang à l’extrême droite Guy Bommarrito. Parmi les autres présents au milieu au premier rang Mme Janine Grange, derrière elle le président de Pertuis, au dernier rang à l’extrême droite M.Montauban, président de l’association de Cavaillon, devant lui Guy Simiand de Cucuron, à leur gauche Rampal de la Tour d’Aigues, encore à gauche au fond au dernier rang à sa gauche Dumond, l’ancien président de Pertuis

    Crédits

    Photos d’Yves et des responsables des Associations d’Anciens combattants de la région : collection personnelle d’Yves Barnouin

    Photo d’Ain Temouchent : Atlas photographique d’Algérie au XIX Congrès géologique international Alger 1952

    Vue  du sud-est de la maison du Saint-Esprit. (c) Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Inventaire général- Gérard Roucaute, 1968 IVR9319688400971Z

  • L’aire

    L’aire

    Devant chaque ferme de notre Pays d’Aigues, vous verrez ces gros rouleaux de pierre abandonnés. Ils sont souvent à côté d’une surface plane. C’est l’aire de battage de la ferme, là où l’on séparait le grain et la paille.

    Contrairement à ce qui est souvent entendu l’agriculture ne commence pas par le labour de la terre et les semailles du blé. Les tribus de chasseurs-cueilleurs savaient bien que s’ils mettaient les graines en terre, elles germeraient, et que s’ils avaient remué la terre avant, les graines germeraient plus facilement. Dans toutes les forêts, les steppes et les savanes fréquentées par des humains, la part des plantes consommables est importante.

    Par contre, le battage est le signe d’une nouvelle étape de l’histoire humaine, du passage du monde des chasseurs-cueilleurs aux agriculteurs, étape qui arrive par un très lent processus de transition.

    Lorsque les chasseurs-cueilleurs cueillent des graminées, ils choisissent les graines qui sont encore sur la tige de la plante. Ils ont bien compris que le grain tombé en terre n’est pas sain à manger. Ils séparent ensuite la paille et le grain, en faisaient deux tas des grains, l’un destiné à la consommation, l’autre à être semé et remis en terre[1].

    céréales à Ansouis

    Le fait de choisir systématiquement des graines accrochées à la paille constitue une forme de sélection. Seuls sont semés les grains qui, à maturité restent accrochés à la tige. Au bout de quelques années, voire quelques siècles de sélection, la plante est génétiquement modifiée. Jamais les grains ne tombent naturellement au sol pour germer. Il faut l’intervention de l’homme pour séparer le grain et la paille, puis le semer.

    L’autre intérêt de cette sélection a été de ne conserver que des grains contenant du gluten, c’est-à-dire les protéines qui permettent de faire lever la pâte, et donc de produire du pain. Enfin on ne gardait que les plants qui avaient beaucoup de grains accrochés à la tige. Le blé, première céréale obtenue par cette sélection, a permis de nourrir des populations plus nombreuses que le seul apport de la chasse et de la cueillette.

    Il y avait donc une symbiose entre l’homme et la plante. Pour nourrir les villages qui apparaissaient, il fallait du blé, pour semer du blé, il fallait des humains. Cette symbiose est apparue au Proche-Orient, quelque part du côté de Bassora en Irak il y a environ 9000 ans avant notre ère. Dans d’autres régions du monde, le même processus lent de sélection fit apparaître le riz, le maïs, le sorgo.

    L’aire avec le mat de battage au centre devant la ferme de Martialis – photo des années 30

    Le battage, l’opération consistant à séparer le grain et la paille, était donc au cœur du processus de fabrication de la nourriture. Cette opération, dite aussi dépicage se faisait au moyen de grands fléaux avec lesquels on battait le blé, puis toutes les céréales que l’on cultivait (seigle, orge, avoine, etc.). Les cultivateurs passèrent ensuite au foulage, consistant à piétiner le blé pour faire la séparation, ou le faire piétiner par des animaux, et pour finir, passèrent au foulage au rouleau[2].

    Celui-ci se faisait sur l’aire de battage, une surface plane, dure (on renforçait le sol en l’empierrant, voire en faisant une véritable calade).

    opération de battage au début du XXème (photo Deydier)

    Au milieu on plantait une sorte de mat, auquel était accrochée une corde à laquelle on attachait un équidé, cheval, mulet ou âne. Celui-ci tirait un chariot auquel était accroché le rouleau. Les céréales à battre étaient disposées sur l’aire, et l’animal se mettait à tourner autour du mat en tirant le rouleau, celui-ci broyait les plantes séparant ainsi le grain. La corde s’enroulait sur le mat, attirant progressivement l’animal vers le centre de l’aire. Lorsque la corde était complètement enroulée, on retournait l’attelage pour refaire l’opération à l’envers. Lorsque le grain était séparé, on enlevait la paille avec de grandes fourches en micocoulier . Enfin les cultivateurs pouvaient ramasser le grain et le mettre dans des sacs pour l’emmener au moulin.

    battage du blé avec une batteuse

    Le battage et le foulage ont disparus entre la fin du XIXème et le XXème siècle. On commença en utilisant des machines de battage, pour, en définitive, en venir aux moissonneuses-batteuses d’aujourd’hui.

    Mais en vous promenant dans la campagne vous verrez ces rouleaux, souvent derniers vestiges du patrimoine agricole.

    Crédits

    Photos collection Thierry Fouque et ansouis Patrimoine sauf la troisieme photo collection Marc Deydier


    [1] Voir sur cette partie Eric Birlouez La Civilisation du blé (2002- Phare international)

    [2] Sur cette partie voir, Elie-Marcel Gaillard les blés de l’été ! au temps des aires (1997-Alpes de Lumières)

  • La crèche d’Ansouis

    La crèche d’Ansouis

    Bonnes fêtes à tous

    Ce message vous trouve sans doute en train de finir la crèche, de placer les santons, d’aller chercher encore un peu de mousse et de branches dans la colline.

    Pour vous donner des idées regarder la crèche de l’église d’Ansouis. Admirer ses santons, la Sainte Vierge, Joseph, le berger, l’ange, les rois mages et tous les autres.

    Remerciements.

    Et merci à tous les bénévoles qui chaque année se dévouent pour que nos crèches soient les plus belles possible.

    Diaporama

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