Voici un article fait en 2022 par Lionel Guin sur le monument aux morts d’Ansouis.
Retour au siècle dernier, place de la vieille fontaine
Suite à l’hécatombe que subissent toutes les communautés citadines ou rurales lors de la Grande Guerre 14/18, celles-ci décident d’ériger, chacune un monument dédié au souvenir des disparus de leur Commune.
Lors du centenaire de la Grande Guerre, des recherches ont été effectuées par les Associations d’Anciens Combattants et les Municipalités pour mettre à jour les listes des morts pour la France recensés sur les plaques commémoratives et les monuments aux morts eux-mêmes ont été restauré. Ainsi en a-t-il été à Ansouis.
Un ouvrage, publié en 1991 et intitulé « Les monuments aux morts de la guerre 1914-1918 dans le Vaucluse » retrace l’origine et l’histoire de l’édification de ces monuments dans notre département.
Les auteurs, Jean Giroud et Raymond et Maryse Michel retracent dans un préambule les conditions et circonstances de leurs implantations.

Ansouis, à l’époque ne comptait que 619 habitants, et le coût de la construction pose problème : les auteurs nous en content les péripéties dans l’article, pages 157-158 de leur ouvrage, consacré à Ansouis. Le titre en est : ANSOUIS : un projet venu d’ailleurs
« Devant le coût du monument prévu en souvenir des soldats morts pour la France, Monsieur Louis Aramand, Maire d’Ansouis, écrivit à Monsieur le Sous-Préfet le 7 juillet 1919 afin d’obtenir l’autorisation de prélever un impôt auprès des contribuables, d’un montant total de 1 500 francs, ou plus exactement de faire un emprunt qui serait supporté par les habitants de la commune en 1920.
En effet, il fallait prévoir 8925 francs (7000 francs pour la statue, 1750 francs pour les fondations, 500 francs pour la rampe et 75 francs d’imprévus) et la souscription n’avait rapporté que 7000 francs. Ces 1500 francs étaient bien nécessaires.
Heureusement, la commune n’avait pas à payer le terrain, car l’emplacement, environ 20 mètres carrés, était généreusement offert par Monsieur Lizon, bijoutier à Pertuis[1].
Un projet est envoyé à la Préfecture, identique au monument actuel, mais il correspondait à celui d’une autre commune : celle de Castillon (Gard).
On le modifia un petit peu en mettant un casque au soldat et en changeant l’épitaphe pour ne pas faire répétition.
Le sculpteur en était Flachat (s’agit-il du professeur qui enseigna la sculpture aux Beaux-Arts de Nîmes pendant 31 ans ?)
Après que la Commission Artistique ait émis un avis favorable, en août 1920, les travaux commencèrent près du lavoir. On trouve également à La Roque-sur-Pemes et à Grillon, un monument élevé près d’un point d’eau, symbole de vie.
Le 4 novembre 1920, l’autorisation est donnée d’ériger le monument tel qu’on peut le voir aujourd’hui, à la mémoire des 32 disparus[2], soit plus de 14% de la population masculine du village.
Les habitants les honorèrent en versant une forte somme moyenne par habitant, plus de 13 francs.
Le 31 juillet 1921, le monument livré, il restait encore 500 francs à payer à l’entrepreneur maçon, Pin, d’Ansouis; cette somme fut votée par le Conseil Municipal.
Nous vous proposons ci dessous le comparatif des 2 monuments aux morts : si la facture et le style des 2 sculptures présentent de fortes similitudes, les attitudes représentées sont très différentes : il s’agit certainement du même sculpteur, mais les 2 oeuvres sont vraiment originales : le poilu ansouisien présente donc un lointain cousinage avec celui de Castillon du Gard et si le projet ansouisien vient d’ailleurs, il ne vient certainement pas de là !


Pour en savoir plus
Jean Giroud, R&M Michel : « GRANDE GUERRE 1914-1918 : LES MONUMENTS AUX MORTS DANS LE VAUCLUSE » (édition scriba 1991)
Crédits
photos de la Collection Lionel Guin-Ansouis-Patrimoine
[1] il est à noter d’ailleurs que le cadran de l’horloge communale provient de ce même bijoutier – note Ansouis Patrimoine
[2] un 33ème nom sera rajouté en 2018 lors des recherches entreprises à l’occasion du centenaire de la première Guerre mondiale.
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