Dark was the night

Le ciel d’un bleu profond était tacheté de nuages d’un bleu plus profond que le bleu fondamental, d’un cobalt intense, et d’autres d’un bleu plus clair – comme la blancheur bleue de voies lactées. Dans le fond bleu les étoiles scintillaient claires, verdies, jaunes, blanches, rosées – plus claires, plus diamantées, davantage comme des pierres précieuses que chez nous – même à Paris.- C’est donc le cas de dire opales, émeraudes, lapis, rubis, saphirs.

Vincent Van Gogh[1]

« Sombre était la nuit» chantait Blind Willie Johnson dans ce blues quasi instrumental. L’obscurité vous permet de voir les étoiles. 

Dans le Pays d’Aigues, la pollution lumineuse reste limitée, et le ciel est souvent dégagé. Vous êtes donc bien placé pour admirer les étoiles.  Vous pouvez même apprendre  à observer en allant de l’autre coté du Luberon, à Saint Michel l’Observatoire, vous pouvez aussi profitez d’une des nombreuses soirées où des amateurs partageront avec vous leur amour du ciel.

Si vous êtes encore dans notre région, il suffit de se mettre face au Luberon. Face à vous, l’étoile la plus brillante est l’étoile du berger, autrement dit la planète Vénus. En cherchant un peu, vous verrez le Grand et le Petit Chariot. Derrière vous se trouvent les constellations du Zodiaque.

Au moins depuis les babylonien, les humains observent le ciel. Nous mesurons le temps grâce à lui. L’année correspond à la course du soleil, le mois au cycle de la lune, la semaine aux sept planètes observables à l’oeil nu. Nous plantons les végétaux en fonction des phases de la lune, les marins surveillent les marées pilotées aussi par la lune.

Les jardins de topiaire du Château d’Ansouis ont gardé le souvenir de Nicolas-Claude Fabbri de Peiresc (1580-1637) dont ils portent le nom[2]. Lui aussi regardait le ciel. Cet érudit du début du XVIIe, s’était doté de lunettes fabriquées par ses amis Galilée de Padoue et Helvétius de Danzig. Grace à cela, il découvrit la nébuleuse d’Orion et précisa la position des satellites de Jupiter[3].

buste de Peiresc devant la Cathedrale Saint Sauveur à Aix

Sans doute, chercha-t-il l’avenir dans le ciel comme Nostradamus. Celui-ci avait publié ses « Prophéties » en 1555. Nombre d’intellectuels espéraient avoir autant de succès que le mage de Salon de Provence.

L’église voyait tout cela avec circonspection. Comment pouvait-on expliquer la nature sans passer par la révélation divine ? Comment expliquer le destin de l’homme sans le péché originel ? Saint Augustin avait été définitif. « Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre la capacité de mal agir, et par là même la responsabilité du péché. » Augustin rejette donc l’astrologie, dont la fatalité astrale limiterait cette liberté d’action de l’homme.[4] »

Pourtant couché dans l’herbe face au ciel, on peut se sentir emporter par la Terre, en observant la voie lactée, la lune gibbeuse et les pluies de météores. Et nous pouvons penser que nous ne sommes pas seul dans cet univers. Ce ciel lumineux est un de nos plus beaux patrimoines.

Pour en savoir plus

Le château

Crédit

Photo d’en-tête : comète depuis l’aire de battage de Martialis.

Toutes les photos collection Thierry Fouque-Ansouis Patrimoine


[1] Lettre à son frère Théo du 4 juin 1888 citée par Jean-Pierre Luminet « les nuits étoilées de Vincent Van Gogh » (2023 éditions seghers)

[2] voir P.52 et suivantes de Marie-Isabelle de Sabran « La folie du Château d’Ansouis » (2007, éditions Spiralinthe)

[3] Daniel Chol « Parlez-moi d’Aix…» (2016, éditions Chol)

[4] Jean-Paul Walch « Galilée dans l’Histoire » (2017, Nouveau Monde éditions)

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